ELI Gerard
dans la galerie municipale de La Brigue Vallée de la Roya,
du 28 juillet au 15 août 2010, vernissage le samedi 31 juillet à 11h.
Voir la nouvelle plaquette  PDF éditée à cette occasion par stArt.
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décembre-janvier 2010
Exposition thématique "Interrogations", Maison des Artistes, Cagnes sur Mer
du 20 janvier au 8 février 2009
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Articles rédigés par Paule STOPPA dans "Le Patiote"
Deuxième partie
Une dernière grande salle réunit – avec toujours le même souci des convergences possibles, les cages écrasées de Bernard Hejblum, les récents travaux du plasticien plasturgiste, Edmond Vernassa, et deux toiles du peintre et critique d’art Michel Gaudet. On admirera de cet ami très cher, le raffinement dans l’organisation des couleurs, la jeunesse de cette coulée orange ensoleillée – une toile datée 2009- autour de laquelle s’inscrit, discrète, fluide et comme estompée par sa grâce même, la flottaison des bleus, des jaunes, l’ordre élégant du créateur.
Aplaties, certaines des cages de Bernard Hejblum, désormais amputées de leur fonction d’incarcération, sont fixées, vissées, sur de grandes plaques de plexiglas, d’autres, accrochées au mur par leur grillage projettent leurs ombres désormais impuissantes. De loin, certaines affichent encore quelque volume, troublant pour l’œil et pour l’esprit. Du fracas des armatures rompues, des portes arrachées, de ces mailles de métal disloquées, ces cages mortes, l’artiste tire la matière première de son œuvre Les dentelles de métal deviennent réseaux de signes, hiéroglyphes, supports au service de l’exigeante liberté.
Troublantes aussi, les deux œuvres récentes d’Edmond Vernassa, une spirale vue de haut qui quoique plate sur son support aspire, entraîne le spectateur dans un illusoire mouvement hélicoïdal, un circuit qui jamais ne cesse, un espace clos qu’agitent de subtils soulèvements internes. Sous l’apparente simplicité de l’œuvre, des années de travail sur le mouvement de la matière, la lumière, les reflets. Un triangulaire vertige bleu – c’est la seconde pièce- émane des lanières de plexi dont seul le maître connaît la disposition savante. Plat, le support, mais des reliefs, des creux, de perpétuels changements.
Un monde, enfin, hors normes. L’œuvre commune de Jean-Jacques Laurent et de Monique Thibaudin occupe l’une des petites salles du deuxième palier. Après des années d’amitié, chacun menant de par soi, sa démarche artistique, les deux artistes se sont avisés de leurs points communs et ont commis ensemble une originale installation. Deux antibustes de M.Thibaudin, taille à taille, gainés de résille pourpre occupent en biais le sol. Privés de têtes, ils n’entendent ils ne voient rien. Ils sont dans l’absence, vides comme la chaise vide et de dos, placée au coin supérieur de ce petit échafaudage. Au-dessus des sculptures, de grandes plaques de plexiglas transparent portent des personnages aux yeux globuleux, aux contours incertains, des visages, qui eux, regardent, qui tentent d’écouter d’entendre les bruits, les rythmes du monde, l’oreille l’œil aux aguets. Variations pourpres, c’est le titre de ces dessins à l’encre lithographique sur papier de soie, c’est l’exemple d’une complémentarité, finalement rare, entre deux créateurs.
Contiguë, la presque chapelle qu’occupent trois œuvres, très représentatives des choix et du style de Pascale Dupont. Ce paravent, sculpture verticale à trois volets, plâtre sur grillage, avec pigments et brou de noix, dont la patine, comme pour les deux autres pièces semble remonter à l’origine des temps. Des matériaux pauvres qu’elle recherche et pratique, bois usés, planches, cartons, ficelle, l’artiste fait son support et son bien. C’est un buste aux lignes pures, sans tête, à consonance presque sacrée, posé sur un socle blanc. C’est au mur de cet espace préservé, deux personnages peints – touches légères du rouge, du blanc- sur des planches de bois superposées. L’ensemble, où le brun domine, pourrait se nommer « harmonie brune ». Il se nomme « Archéologie ».
Et se nomme, INTERROGATIONS, celles des artistes, celles des visiteurs, celles que les premiers posent aux seconds, et réciproquement, la très prodigieuse et riche aventure qui vous attend à Cagnes, Place du Château, Maison des Artistes, jusqu’au 8 février 2009
Paule Stoppa.
Artistes : Boizard, Dupont, Eli, Gaudet, Hejblum, Kraus, JJ Laurent, Mardi, Moreau, Piano, Reyboz, Thibaudin, Vernassa, Voliotis.
Commissaire d'exposition : Gilbert BAUD pour l'Association stArt,
texte de présentation par Jacques SIMONELLI.
La médecine et la zoologie modernes s’accordent à regrouper l’ensemble des revêtements corporels dont se protègent, se parent, ou qu’utilisent les êtres animés sous le nom de phanères ; plumes, poils, écailles, ongles, griffes, cornes et sabots sont tous en effet, si variés que soient leurs aspects, des productions épidermiques issues des téguments.
De même la médecine traditionnelle chinoise les rassemble-t-elle, malgré leurs apparences contrastées, sous le nom des cinq protections, chacune de celles-ci se trouvant liée à l’un des cinq mouvements énergétiques fondamentaux qui rythment la vie.
Au Bois correspondent ainsi les animaux velus, au Feu les animaux à plumes, à la Terre les animaux à peau nue (l’homme en particulier), au Métal les animaux à cuirasse, à l’Eau les animaux à écailles. L’homme, centre de notre état de manifestation, est tout naturellement lié à la terre, où il résume et synthétise les capacités des Dix mille êtres, c’est à dire de la totalité des êtres existants, pour transmettre la réponse terrestre aux influx du Ciel, selon son rôle de médiateur dans la triade Ciel-Terre-Homme.
Si l’homme est décentré, excentré, ce qui est le cas du plus grand nombre dans les époques de décomposition telles que celle que nous traversons, l’épiderme cesse d’être l’interface permettant contact et échanges harmonieux entre l’homme intérieur et son environnement. Il n’est pas exceptionnel que le déséquilibre entre l’homme, réduit qu’il se trouve ainsi aux plus inférieures de ses possibilités, et le cosmos se traduise par une altération maladive de ses phanères, et que ceux-ci en viennent à mimer le type de protection tégumentaire de telle ou telle espèce animale.
En pathologie, on observera alors :
une forme congénitale d’hypertrichose, maladie caractérisée par la pilosité du visage et de tout le corps, illustrée à l’époque maniériste par les portraits de la famille Gonzalez, souvent joints aux expositions des œuvres d’Arcimboldo, et que la médecine européenne de l’époque, dans sa classification en quatre éléments, reliait au Feu, alors que la médecine orientale les attribuerait au Bois ; des hypertrophies du tissu épidermique, majorées par celles des tissus conjonctifs et osseux, caractérisant le syndrome de Protée (dont la victime la plus célèbre reste le malheureux Elephant Man, aux déformations si fidèlement restituées dans le film de David Lynch) et liées à la Terre ; une ichtyose et ses squames, évidemment liée à l’Eau. En littérature, l’imagination de Lovecraft peuplera les rues d’Innsmouth de créatures mi hommes mi poissons, à l’échine écailleuse et d’odeur repoussante ; une sclérodermie diffuse, fibrose cutanée et vasculaire où la peau enserre les membres et le thorax comme une véritable cuirasse cartonnée, correspond au mouvement du Métal, dont le dynamisme est de durcir en rétractant.
Les naissances monstrueuses d’enfants munis de cornes, de sabots et de griffes rapportées par Belleforest et Boaistuau, chroniqueurs du XVIe siècle, traduisent la fascination et la peur d’hybridations contre nature entre l’homme et l’animal, présages de catastrophes, et qu’expriment les sphinges ailées de Mossa, à l’affût sur les toits d’une ville engloutie, d’un tableau du musée Chéret à Nice.
Dans l’exposition organisée à l’initiative de Gilbert Baud, et portant sur ce thème des cinq protections, on verra comment les différents aspects des enveloppes corporelles, offerts comme support à l’imagination des artistes, évoquent aussi les cinq sens, eux-mêmes liés aux cinq mouvements de la physiologie taoïste.
Si toutes les pièces - souvent issues de trouvailles, rencontres, assemblages, signes et traces préexistants - s’adressent d’abord à la vue, la surface lisse du verre, des céramiques émaillées, ou la rugosité des grès, des murs lépreux et graffités, appelle aussi le toucher, les grands bruissements d’ailes ou le frémissement des plumes duveteuses intéressent l’ouïe, telle bouche prête à mordre suggère la saveur, herbes séchées, fibres, pigments agacent les narines. Le tout orchestré par les noces du désir et de la mort, moteurs rivaux et secrets de ces parades nuptiales et guerrières – mues des fourrures et des plumages, chants d’oiseaux, cornes belliqueuses, cuirasse hérissée de piquants.
Il convient de goûter tous ces prestiges, sans trop s’y laisser prendre, puisque “Les cinq couleurs aveuglent l’œil, les cinq notes assourdissent l’oreille, les cinq saveurs gâtent la bouche, courses et chasses affolent le cœur” (Tao Te King, ch.12), et de se tourner vers l’espace intérieur où “les âmes spirituelles se fixent sur les charnelles” (id, ch. 10), comme le Ciel s’unit à la Terre et produit la Vie. Il ne s’agit plus alors de la limite entre un individu et son environnement, mais de l’union intime qui fonde l’existence humaine, et que donnent à pressentir, en leur dimension introspective, quelques-unes des œuvres réunies.
Jacques Simonelli.
LES ARTISTES :
Angelo ALIOTTA, Isabelle BOIZARD, Kim BOULUKOS, Gilbert CASULA, Véronique CHAMPOLLION, Jean-Louis CHARPENTIER, Cathie COTTO, Pascale DUPONT, Gérard ELI FRANT, Olivier GARCIN, Michel GAUDET, Claude GIORGI, Jean-Pierre GIOVANELLI, Jacques GODARD, Didier HAYS, Bernard HEJBLUM, Hala HILMI HODEIB, Judith KAANTOR & Jean Wolfe ROSANIS, Roland KRAUS, Yvon LE BELLEC, LOOKACE BAMBER, Renaud MARIDET dit MARDI, Bruno MENDONÇA, Daniel MOHEN, Jean Gustave MOULIN, Margaret MICHEL, Gilbert PEDINIELLI, Marc PIANO, Bernard REYBOZ, RICO ROBERTO, Serenella SOSSI, Bernard TARIDE, Monique THIBAUDIN, Edmond VERNASSA, Hubert WEIBEL.
Catalogue avec 50 illustrations couleurs, en vente sur demande : 10 euros hors frais de port.
« GERARD ELI » ISBN : 2-913222-62-5, dépliant 8p, quadri.
Texte de Jacques SIMONELLI. 5 €.
Ed. de tête : 19 reproductions couleur d'un dessin original 24x33cm. (dont 6 EA). 50 €.
de Gérard Eli à l'Atelier Marc Piano, Vallauris
avril 2008.
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Avec le concours des associations Ensemble avec Benoît
et Léonard, Nicolas, Andréa et les autres...
PALAIS STÉPHANIE ex hôtel HILTON, Cannes-Croisette
le 7 décembre 2007 à 18h.
du 17 mai au 17 juin 2006.